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La transformation des banques à l’ère numérique : disparition, transformation ou uberisation ?

Intervention de Raphaëlle BERTHOLON

Historiquement, les banques se définissent par les opérations qu’elles réalisent pour le compte de leurs clients. C’est ainsi que les encadre, en France, le code monétaire. Dans son article L311-1, il reconnaît plusieurs types d’opérations :

 

la réception de fonds publics

• les opérations de crédits

• la gestion de moyens de paiement

 

Le secteur bancaire en France en 2018 représentait 198 500 salariés, soit 2,3 % de l’emploi privé et 2,7 de la valeur ajoutée du pays. Il présentait un résultat de 28 milliards d’euros pour un produit net bancaire de 158 milliards d’euros. Près de 37 600 agences maillaient le territoire. Un réseau qui tend toutefois à se réduire. Entre 2016 et 2020, la baisse de nombre d’agences bancaires des acteurs traditionnels est estimée à près de 10 % en France. Une situation équivalente à la situation constatée dans l’ensemble de l’Europe (11,5% d’agences en moins entre 2012 et 2016, selon Sia Partner).

 

Le paysage concurrentiel de la banque

 

La banque, comme d’autres secteurs, doit intégrer la technologie. Elle doit intégrer la banque en ligne, renouveler sa relation client et répondre aux nouvelles exigences règlementaires. Elle est donc elle aussi logiquement bouleversée par l’apparition de nouveaux acteurs, notamment les « néo-banques ». Des banques en ligne, assurant les mêmes opérations que les banques dites classiques mais sans un réseau d’agences.

 

Ces acteurs ne sont pas les seuls aujourd’hui. Au sein de la « fintech », des start-up spécialisées viennent les concurrencer sur certains segments d’activités. C’est le cas notamment de l’opération de paiement avec les services désormais connus que sont Paypal ou Square. Ces nouveaux concurrents proposent des solutions de paiement par téléphone ou paiement biométrique comme M-Pésa au Kénya ou MibiKwik en Inde.

 

Ces acteurs spécialisés ne sont pas les seuls. Elles se retrouvent désormais en concurrence avec des acteurs dont l’activité bancaire n’est pas le coeur de métier d’origine. Il s’agit d’acteurs du numérique, on pense notamment aux GAFAM. Ou bien aux géants de la grande distribution, comme Carrefour ou Leclerc, qui proposent désormais des services bancaires à leurs clients.

 

 

Les GAFAM seront-ils les banquiers de demain ?

 

 

Ils présentent certains atouts. Leurs services leur assurent une connaissance fine et personnalisée de leurs usagers. Ils leur permettent aussi de les fidéliser, en leur facilitant certaines tâches du quotidien comme l’assistant Alexa d’Amazon. L’activité bancaire est alors pour ces acteurs un service supplémentaire proposé à leur client et l’occasion d’être présent lors d’un acte quotidien supplémentaire : l’achat. Leurs services aident d’ores et déjà leurs clients-usagers à déterminer leurs choix d’achats. Ils deviendraient ainsi l’option de paiement privilégiée. Achat et paiement ne feraient qu’un.

 

Ces nouveaux acteurs annoncent-ils la disparition des banques traditionnelles ?

 

Les banques vont devoir innover, notamment autour de l’enjeu des données et de leur monétisation. C’est notamment le sens de certaines initiatives comme :

• Le B612 de la Caisse d’Epargne Rhône Alpes, un Incubateur de Fintech avec enrichissement mutuel entre les acteurs

• Le Village du Crédit Agricole qui entend créer des synergies entre les Start-Up et les grands groupes

 

Une autre technologie, la blockchain, technologie de stockage et de transmission d'informations sans organe de contrôle et cryptée, peut également fortement impacter le domaine bancaire. Sera-t-elle en mesure de menacer directement les emplois, notamment dans les réseaux d’agence ? Pour l’heure, les nouveaux acteurs sont avant tout présents sur le secteur du paiement. Or, les banques traditionnelles assurent pour le moment 50% de leurs revenus sur les marges des taux d’intérêt des prêts, l’activité de banque de détail. Une réalité qui pourrait plaider en faveur du maintien d’un réseau physique de proximité.

L’activité bancaire est pour les GAFAM un service supplémentaire et l’occasion d’être présent lors d’un acte quotidien supplémentaire : l’achat

Au sein de la « fintech », des start-up spécialisées viennent les concurrencer sur certains segments d’activités

Raphaëlle BERTHOLON

 

Secrétaire Nationale CFE-CGC à l'Économie, Industrie, Numérique et Logement

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