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La question de l'économie souterraine doit se poser en termes politiques

Intervention de Mark ERLICH

L’économie souterraine est à différencier du marché noir et des trafics illégaux. Elle concerne les activités de marché payées en espèces, en dehors du cadre institutionnel des pays. Pour Mark Erlich, elle doit désormais se poser en termes politiques.

 

Pourquoi ? Elle représente un énorme manque à gagner fiscal pour les Etats du fait de son augmentation. Aux Etats-Unis, elle était évaluée en 2008 à 2 milliards de dollars de revenus passant sous les radars et donc non taxés. Cette fraude représentait 6 % du PIB américain ou encore 12 % de celui de la France en 2015. En 2009, 22 à 24 % du déficit fiscal américain aurait été causé par ce manque à gagner sur les salaires.

 

Économie souterraine et travail indépendant

 

Le travail indépendant, s’il est parfois choisi, peut-être imposé par les employeurs. Considérer un employé comme contractant indépendant représente alors un gain évident pour l’employeur. Il économise notamment les charges sociales et l’obligation de proposer une couverture sociale. La supposée liberté et absence de subordination offertes aux travailleurs indépendants se paient par l’absence de couverture santé, de sécurité de l’emploi, de pension de retraite ou encore d’engagement ou de représentation syndicale.

 

Selon le Governement Accountability Office, organisme indépendant conseillant le Congrès américain, 35 à 40 % de la population active des Etats-Unis n’était pas employée au sens traditionnel entre 2006 et 2010. Un taux quasiment équivalent à celui estimé en Europe par le Parlement Européen (41 %).

 

Ce constant devrait obliger les Etats, selon Mark Erlich, à se saisir du problème à travers leurs politiques publiques.

En 2009, 22 à 24 % du déficit fiscal américain aurait été causé par ce manque à gagner sur les salaires

Mark ERLICH

 

Ancien ouvrier charpentier, longtemps représentant syndical dans sa corporation. Il était jusqu’en 2017, secrétaire-trésorier exécutif du New England Regional Council of Carpenters, une organisation qui compte 19 000 membres. En plus de sa carrière professionnelle et syndicale, il a écrit essais et articles sur l'histoire du travail ou des questions syndicales contemporaines dans des publications universitaires. Il est actuellement bénéficiaire d’une bourse à la faculté de droit de Harvard, au sein de laquelle il travaille notamment sur la thématique de l’économie souterraine.