0

Qu’entend-on par « dialogue social » aux Etats-Unis ?

Intervention de Céline JAEGGY

Voté au cours du New Deal, le National Labor Relations Act (« Loi nationale sur les relations de travail ») appelé également Wagner Act a posé les fondements du droit à la syndicalisation aux USA. « Pour l’Europe, ce qui est fondamental c’est la défense des droits de l’homme, ce qui est bien différent des Etats-Unis. La finalité de la loi était d’interdire les pratiques déloyales utilisées par les employeurs de nature à faire obstacle à la libre circulation du commerce» souligne Wilma Liebman, ancienne Présidente du National Labor Relations Board.

 

L’ « âge d’or » du syndicalisme aux Etats-Unis remonte aux années 1960-1970, période pendant laquelle on comptabilisait 20% de salariés syndiqués et 20 millions d’adhérents. Aujourd’hui, 10,3% des salariés sont syndiqués (stat OCDE-2015) avec des écarts importants au plan sectoriel (secteur privé, secteur public) et géographique (Etats du sud, Etats du nord).

 

Pour être présent en entreprise, un syndicat doit être reconnu représentatif, après avoir été demandé par 30% des salariés et avoir obtenu la majorité des suffrages exprimés. Seulement 12% des salariés sont couverts pas un accord d’entreprise (stat OCDE 2016) et peuvent de fait bénéficier d’une meilleure couverture sociale et de niveaux de salaires plus élevés que dans les entreprises sans syndicat (l’écart pouvant aller jusqu’à 27%).

 

Ce déclin du syndicalisme aux USA dont l’assise a reposé sur « la figure du travailleur salarié à temps plein dans l’industrie manufacturière » tient à plusieurs facteurs, notamment :

 

• la vague de désindustrialisation qui a touché des pans emblématiques de l’économie américaine

• la multiplication de réformes visant à supprimer l’adhésion syndicale obligatoire à l’entrée de l’entreprise ou à restreindre la négociation collective

• le recours aux formes d’emploi atypiques, à l’independant contractor, dont l’extension est contemporaine de la « grande récession » de 2009 puis du développement des activités liées aux plateformes digitales.

 

Céline JAEGGY

 

Conseillère pour les Affaires sociales à l’Ambassade de France aux USA. Aux Etats-Unis, les notions de dialogue social et à fortiori de paritarisme n’ont pas de signification ni de sens commun avec la France ; la législation fédérale est en outre bien moins interventionniste, résume ici Céline Jaeggy.

 

Pour être présent en entreprise, un syndicat doit avoir été demandé par 30% des salariés et avoir obtenu la majorité des suffrages exprimés. Seulement 12% des salariés sont couverts pas un accord d’entreprise