0

Le Crowdsourcing interne ou la « participation numérique » des salariés dans l’entreprise

Intervention de Hannah ULBRICH

Le terme crowdsourcing (littéralement « approvisionnement par la foule ») se réfère à des outils collaboratifs ou participatifs dont l’usage, facilité par les technologies numériques, nourrit des projets dont les finalités sont économiques, culturelles, sociales ou scientifiques.

 

Selon Hannah Ulbrich, la « participation numérique » au sein des entreprises ouvre des perspectives à la fois pour les directions et pour les salariés. Cependant, elle fait appel à une nouvelle logique, « un travail numérisé », qui nécessite souvent un certain changement d’esprit.

 

Des conditions préalables peuvent être nécessaires :

 

•une réelle volonté des salariés à participer au processus

•un cadre et des règles qui garantissent des conditions de travail acceptables (par exemple, l’utilisation de la plateforme numérique se fait-elle pendant le temps de travail ou hors temps de travail?)

 

Dans les processus de démocratisation sociale engagés par les entreprises, les équipes de collaborateurs veulent souvent participer aux prises de décision qui concernent leur travail. Des démarches participatives peuvent aussi s’inscrire dans le cadre de projets spécifiques, ou bien encore porter sur une consultation des salariés pour définir par exemple le nom de l’entreprise.

 

L’exemple de l’entreprise GASAG

 

L’entreprise GASAG, fournisseur d’électricité et de gaz naturel dans les lands de Berlin, de Brandebourg et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, emploie 1500 collaborateurs. Ayant connu une croissance rapide, elle bénéficie d’un portefeuille de 600 000 clients. Partenaire du programme de recherche, elle a mis en pratique le crowdsourcing avec l’objectif de mieux mobiliser les compétences des salariés, et avec la volonté de développer la transparence et la transversalité au sein de son organisation.

 

En juin 2018, l’entreprise a mis en place une plateforme conçue avec l’Université Technique de Berlin comme un « laboratoire d’idées », en faisant le choix d’un design simple pour privilégier les contenus. Cette plateforme fonctionne comme un réseau social interne, avec des règles d’usage à respecter. Quand on s’implique dans la plateforme, c’est du temps de travail normal. Chaque salarié doit réfléchir si c’est le bon moment et s’il travaille sur la bonne question. On peut aussi accéder à la plateforme depuis chez soi, avec une limitation en termes d’horaires. La plateforme n’est pas  accessible 24/24. Ces règles ont été définies avec le conseil d’entreprise. Impliqué en amont de la démarche, celui-ci se réunit au minimum tous les 3 mois pour assurer un suivi.

 

Après une phase pilote, et l’organisation de 8 ateliers d’information avec les salariés, la plateforme a servi de support à plusieurs « campagnes » sur différentes thématiques : nouveaux formulaires de facturation dans le cadre d’un lancement de produits, dénomination du nouveau siège de l’entreprise, mais aussi, dans le domaine des ressources humaines, campagne sur la formation continue, identification des compétences pour les 5 prochaines années. L’ensemble des collaborateurs peut proposer des thématiques.

 

Il faut une réelle volonté des salariés à participer au processus ainsi qu'un cadre et des règles qui garantissent des conditions de travail acceptables

La plateforme a servi de support à plusieurs « campagnes »  : nouveaux formulaires de facturation, dénomination du nouveau siège de l’entreprise, formation continue...

GASAG a mis en place une plateforme conçue comme un « laboratoire d’idées », fonctionnant comme un réseau social interne

Hannah ULBRICH

 

Chercheuse à l’Université Technique de Berlin, elle conduit un programme de recherche sur le thème du crowdsourcing interne dans les entreprises. Co-financé par le Fonds Social Européen, ce projet d’une durée de 2 ans (2018-2020) interroge le crowdsourcing comme forme de management interne de l’innovation.